TRAVERSEE DE l'ATLANTIQUE, CAP VERT - MARTINIQUE

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Bon, He bien, il faut bien se lancer. On ne rejoindra pas les tropiques en restant mouillés au Cap Vert. Nous partons le 6 décembre 2003 de Faja d'Agua, au Cap Vert, dans l'espoir de toucher le Marin, en Martinique, pour Noël.

A peine partis, nos amis les dauphins viennent nous entourer, un énorme banc d'une cinquantaine d'individus, qui jouent autour du bateau. Certainement un bon présage, Dame Nature sera clémente avec nous.

Les 3 premiers jours sont très calmes, et nous commençons à nous voir manger le foie gras en pleine mer, car le timing est serré. Cela nous permet aussi de nous réamariner tranquillement, sans trop se faire secouer. Nous n'avançons que de 10km en 24 heures...

Le 3ème jour, le vent revient, nous envoyons spi et voile d'étai, et le bateau reprend de l'allure. Le soir du 4ème jour, un gros grain nous tombe violemment dessus, nous laissant tout juste le temps de rentrer spi et voile d'étai, et d'établir une toute petite voile d'avant. Grâce à elle seule, nous fonçons à 8 nœuds dans des rafales à 80km/h Ca n'est pas encore la tempête, car cela ne dure que 2 heures, mais ça nous apprendra à nous méfier de ces gros grains noirs qui nous rejoindront par l'arrière durant toute la traversée.

Au cours de la traversée, nous nous ferons dévorer 3 lignes de traîne, dont une par deux requins dont nous verrons les ailerons se débattre au bout. Mais ces monstres arrachent tout. Nos débuts en pêche sont assez malchanceux, mais s'amélioreront vite, lorsque nous croiserons des bancs de dorades coryphènes, de bonites, ou quelques Thazards solitaires.

Le reste de la traversée, le vent restera stable, à 15/20 nœuds, nous permettant d'établir une assez bonne moyenne. Les conditions sont très stables, au portant, longue houle, les journées sont très tranquilles, et on dévore un livre par jour.

Un soir, la drisse de spi (qui le tient en haut du mât), casse, usée par le frottement, et le spi passe à l'eau, sous la coque, se prend dans l'hélice... impossible de le remonter sans dégât, il s'est énormément déchiré. Cette voile essentielle pour avancer vite nous manquera beaucoup, mais cette fois, on ne peut pas la réparer avec les moyens du bord.

A 4 jours de l'arrivée, en pleine nuit, nous dévions notre route pour assister un bateau qui à cassé son gouvernail. Nous sommes 3 bateaux pour l'assister. Il faudra aux 3 capitaines (Matthieu, Ubaldo et Maximo), 3 heures de travail dans des conditions bien compliquées (houle, nuit, pluie, vent) pour fabriquer un superbe gouvernail de fortune à l'aide du tangon de spi et d'un plancher d'annexe en aluminium. Meuleuse, perceuse, tiges filetées, palans... un vrai travail d'artiste. L'équipage du bateau assisté, lui, est un peu sous le choc. Ils dérivent lentement vers la Martinique depuis 24 heures, et la tension monte.

Nous les quittons épuisés vers 3 heures du matin, et reprenons notre route. Nous apprenons au réveil, par contact radio avec eux, que le safran de fortune a cassé dans la nuit. Grosse déception. Ils en ont marre, et veulent un remorquage. Leur bateau est trop lourd pour nous (30 tonnes), et Matthieu contacte les secours en Martinique par radio, qui viendront quelques jours plus tard les chercher, à 300km des côtes. En tout cas, ils nous sont très reconnaissants, car ça déprimait pas mal à bord.

Nous naviguons jusqu'en Martinique en compagnie d'Ubaldo, qui convoie un catamaran en Martinique. Nous nous suivons à 500m pendant les 3 derniers jours, et arrivons en même temps au Marin, le 23 décembre à 23 heures. Le champagne est sablé sur le ponton, tout le monde est bien content d'arriver.

Le bilan de la traversé est très positif. Nous sommes allés vite (nous n'avons croisé que très peu de bateau ayant mis moins de 17 jours, alors que certains ont mis 32, voire 44 jours !!). L'ennui n'a pas été un gros souci, il est même assez agréable de n'avoir rien, mais alors RIEN de spécial à faire, et pouvoir se balader à poil toute la journée, en faisant ce qui nous chante. On ne se met à compter les jours qu'en approchant à 3 jours de l'arrivée, et on se permet même alors de mettre un petit coup de moteur quand on ne va pas assez vite.

Les soucis sur le bateau se sont tous focalisés sur les voiles qui ont beaucoup souffert. Le spi, recousu plusieurs fois, à finalement quasiment rendu l'âme, la grand voile s'est ouverte un peu, et le génois s'effiloche à droite à gauche. Mais pour un bateau de 38 ans, nous sommes vraiment fiers de lui !



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